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L’eau potable est une ressource essentielle pour la vie quotidienne. Cependant, au Québec, beaucoup de citoyens pensent, à tort, que l’eau du robinet est gratuite. Cette perception est largement due au fait que le coût de l’eau est inclus dans les impôts fonciers, ce qui rend le paiement moins visible, voir invisible pour les locataires. Cela entraîne un gaspillage certain et une mauvaise gestion de l’eau potable, par rapport aux autres provinces et au reste du monde.
Le coût de l’eau : une illusion de gratuité
Beaucoup de Québécois pensent que l’eau du robinet est gratuite. Cette croyance provient en grande partie du fait que les citoyens ne reçoivent pas de facture d’eau séparée et n’ont presque jamais de compteurs d’eau individuels, comme c’est le cas dans certaines autres provinces ou pays. En réalité, le coût de l’eau est inclus dans les taxes municipales. Chaque propriétaire paie une partie du coût de l’eau à travers ses impôts fonciers, en fonction de la valeur de son bien, ce qui peut donner l’impression que l’eau est gratuite.
Au Québec, ce sont les municipalités qui financent la gestion de l’eau potable, principalement par les impôts fonciers comme vu précédemment. Ces taxes municipales couvrent une multitude de services, y compris l’eau. Cela signifie que même si les résidents ne reçoivent pas de facture d’eau spécifique, ils paient toujours pour ce service. En fait, une partie importante de leurs impôts fonciers est dédiée à la gestion de l’eau potable, son traitement, et l’entretien des infrastructures nécessaires.
Dans d’autres provinces canadiennes, comme l’Ontario ou la Colombie-Britannique, les résidents reçoivent souvent des factures d’eau distinctes. Cela rend le coût de l’eau plus transparent pour les citoyens. De plus, dans certains pays européens, les factures d’eau incluent des détails sur la consommation et les tarifs appliqués, ce qui sensibilise davantage les citoyens à la valeur réelle de l’eau potable et à leurs habitudes de consommation.
Ce qui se cache dans le coût réel de l’eau au Québec
L’eau potable n’arrive pas magiquement au robinet. Elle passe par un processus complexe qui inclut plusieurs étapes, chacune ayant un coût spécifique. Voici une ventilation grossière des principaux coûts associés à la gestion de l’eau potable :
Traitement de l’eau
Le traitement de l’eau est l’une des étapes les plus critiques et coûteuses. L’eau doit être purifiée pour être sûre à la consommation. Cela inclut l’élimination des contaminants, des produits chimiques et des bactéries. Les usines de traitement de l’eau utilisent des technologies avancées et nécessitent une maintenance régulière, ce qui représente une part significative du coût total.
Gestion des infrastructures
Les infrastructures nécessaires pour acheminer l’eau des usines de traitement jusqu’aux foyers sont vastes et complexes. Cela inclut les conduites principales, les canalisations, les réservoirs et les stations de pompage. L’entretien et la réparation de ces infrastructures sont essentiels pour garantir un approvisionnement continu et de qualité en eau potable. Cependant, au Québec, il y a un gros déficit d’entretien des infrastructures.
Maintenance et main d’œuvre
La gestion de l’eau potable nécessite une main d’œuvre qualifiée. Les ingénieurs, techniciens et autres professionnels travaillent sans relâche pour surveiller la qualité de l’eau, entretenir les infrastructures et assurer le bon fonctionnement des systèmes de distribution. Les salaires et les coûts de formation de ces employés constituent également une part importante des dépenses. Cela est d’autant plus à prendre en compte lors des interventions d’urgence non prévues.
Coûts environnementaux et durabilité
En plus des coûts directs, il y a des coûts indirects environnementaux associés à la gestion de l’eau. Cela inclut les efforts pour minimiser l’impact environnemental du prélèvement de l’eau, du traitement et de la distribution. Les investissements dans des pratiques durables et des technologies respectueuses de l’environnement sont essentiels pour assurer un approvisionnement en eau à long terme.
La gestion problématique de l’eau potable au Québec
Les municipalités jouent un rôle crucial dans la gestion de l’eau au Québec. Elles sont responsables de l’approvisionnement, du traitement et de la distribution de l’eau potable à l’ensemble de leurs citoyens. Elles sont également responsables de la planification, de la construction et de l’entretien des systèmes de distribution. Et bien sûr, elles doivent toutes se conformer aux règlementations provinciales et fédérales en termes de qualité et sécurité de l’eau.
Cependant, pour assurer un approvisionnement continu en eau potable de qualité, les municipalités doivent investir dans l’entretien et l’amélioration des infrastructures existantes. Cela inclut la rénovation des conduites vieillissantes, la mise à niveau des usines de traitement et l’adoption de nouvelles technologies pour améliorer l’efficacité et la durabilité des systèmes.
Certaines municipalités au Québec ont déjà entrepris des projets importants pour améliorer la gestion de l’eau. Par exemple, la Ville de Montréal a investi massivement dans la réhabilitation de ses conduites d’eau potable pour réduire les fuites et améliorer la qualité de l’eau. Ces initiatives montrent l’importance des investissements continus et de la gestion proactive des infrastructures.
Mais cela est loin d’être suffisant ! En 2023, d’après le rapport du CERIU (Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines), le Québec souffrait d’un déficit d’entretien des infrastructures de 44,7 milliards de dollars ! On comprend aisément que les taxes municipales ne peuvent pas couvrir l’ensemble de ces frais pour les villes. La vétusté des infrastructures nous fait gaspiller presque 303 milliards de litres par an dans toute la province.
D’après le Rapport annuel de l’usage de l’eau potable 2021 de la stratégie Québécoise d’économie d’eau potable du MAMH, les taxes municipales payées par les citoyens ne couvrent en moyenne que 42 % du coût réel de l’eau, ce qui entraîne un sous-financement chronique des systèmes d’eau.
Les citoyens du Québec et leur consommation d’eau
Les citoyens du Québec consomment environ 325 litres par jour et par personne. C’est deux fois plus d’eau que la moyenne canadienne et trois fois plus que la moyenne européenne. En plus du gaspillage dans les infrastructures, cette surconsommation s’explique en partie grâce à la perception que l’eau est une ressource abondante et peu coûteuse. Cependant, cette surconsommation exerce une pression supplémentaire sur les infrastructures et les ressources naturelles.
Le montant des taxes liées à l’eau varie d’une ville à l’autre et est fixé selon la valeur du bien immobilier, mais ne varie pas selon la consommation volumétrique d’eau. Cela signifie qu’une personne qui gaspille beaucoup d’eau paiera à peu près les mêmes taxes que son voisin, même si celui-ci a une consommation beaucoup plus raisonnable. Ce système ne favorise pas la conservation de l’eau et peut encourager le gaspillage.
Informer les citoyens sur le coût réel de l’eau est essentiel pour plusieurs raisons :
- La transparence sur ces coûts permet aux citoyens de comprendre où et comment sont utilisées leurs taxes municipales et leur importance.
- La prise de conscience de la valeur de l’eau rend les citoyens plus susceptibles de réaliser quelques aménagements dans leurs domiciles (réparation de fuites, installation de systèmes de réduction de la consommation d’eau potable, etc.).
- Cela peut également encourager une consommation plus responsable via des bons gestes au quotidien (privilégier la douche au bain, couper le robinet pendant le brossage de dents, etc.).
En conclusion, bien que l’eau du robinet au Québec puisse sembler gratuite au premier abord, elle a en réalité un coût significatif. Ce coût est couvert par les impôts fonciers et comprend le traitement, la gestion des infrastructures, la maintenance et les coûts environnementaux. Il est crucial que les citoyens comprennent ces coûts pour mieux apprécier la valeur de l’eau potable et soutenir les efforts des municipalités pour assurer un approvisionnement durable et de qualité. En étant informés et responsables, nous pouvons tous contribuer à une gestion plus efficace et durable de cette ressource précieuse !